L'Antiquité

Les celtes et les gallo-romains

En 58 avant JC, lorsque Jules César envahi la Gaule, il pénètre dans un monde peuplé et prospère. Les nations celtes commercent et communiquent entre elles et avec l'ensemble du monde antique. Les celtes fournissent des cavaliers mercenaires aux Hellènes d'abord, puis aux légions romaines. La classe dirigeante parle le latin et le grec. Vercingétorix est glabre... On est très loin de la vision réductrice des gaulois du De Bello Gallico.

Notre territoire se situe aux limites de la nation lémovice (dont découleront plus tard les noms "Limousin" et "Limoges"). A l'est, vers la Combraille, les Arvernes et au nord, les Bituriges. Des voies de communication existent, qui permettent de diffuser l'acier réputé des forgerons celtes (inventeurs de la cotte de maille, de la herse pour l'agriculture, ...), et l'or provenant des deux cents exploitations aurifères lémovices.

Pour Saint Dizier la Tour, l'hypothèse la plus couramment établie est que le haut cours de la Goze - le petit ruisseau de 19 kilomètres qui traverse notre territoire - se présentait comme un espace marécageux, dont le seul point de passage à gué, à une journée de part et d'autre se trouvait entre les deux tertres granitiques qui forment le site de La Tour.

Jalonnée par des bornes miliaires ou des bornes leugaires, La voie Agrippa reliait Lugdunum (Lyon), capitale des Gaules, à Mediolano Santonum (Saintes) capitale de l'Aquitaine. Sur notre territoire, elle venait de Fines (Crocq) et - longeant la rivière Creuse - elle desservait la ville la plus importante de la région, Acitodunum (Ahun) où vivaient près de dix mille habitants, puis partait vers Praetorium (Sauviat sur Vige) et Cassinomagus (Chassenon). D'après le Professeur Bost, de l'université Ausonius - Montaigne de Bordeaux, le site de La Tour se serait trouvé sur un diverticule (voie secondaire) menant à Tullus (Toulx-Sainte-Croix), voire aux thermes d'Evaux et de Néris. 

Lorsque Agrippa, gendre et mentor d'Octave, futur empereur Auguste, arrive en Gaule, sa mission consiste à pacifier à nouveau l'ensemble des Gaules, délaissé durant la guerre civile et qui s'est à nouveau soulevé contre le pouvoir romain. Il rétabli l'ordre, réforme l'administration provinciale et développe un important réseau d'aqueducs.

Alors commence sa deuxième mission : établir un réseau de voies rapides, permettant de diffuser les ordres impériaux. Installé à Lugdunum (Lyon), choisi comme capitale des Gaules, il créé quatre axes principaux en étoile, dont la voie Agrippa, qui nous concerne au premier chef. 

A la différence des voies romaines traditionnelles dans la Narbonnaise ou dans la péninsule italienne, Agrippa décide de s'appuyer sur le réseau existant des nations celtes. Les voies celtes sont tracées à fleur de sol et principalement guidées par la ligne de partage des eaux (chemins en "interfluve" ou en "pouge" en patois limousin). D'après le Professeur Bost, "il est envisageable que soit passé aussi, par la Tour Saint Austrille une probable route antique d'Ahun à Bourges, que Jean-Michel Desbordes, le spécialiste des voies romaines du Limousin, appelle le Chemin de Saint Martial". L'hypothèse du chemin de Saint Martial répond à une logique administrative romaine... Une liaison Bourges - Limoges, capitales de cités, par un itinéraire desservant Ahun, grand carrefour routier, étape essentielle sur cet axe nord-sud et sur la voie Agrippa."

Il faut comprendre les voies antiques d'un point de vue géographique. La ligne droite n'est pas obligatoirement le plus court chemin. Passant par chez nous, dans ce pays de douces collines, ce sont les cours d'eau qui déterminent l'itinéraire. Ils s'écoulent des hauts plateaux du Sud vers le bassin de la Loire. La Voie Agrippa et nos villes apparaissent sur la Table de Peutinger.